Plage post-covid : "La palme revient à La Grande Motte et à son application permettant de réserver un espace pour deux, quatre ou plus, à raison d’une demi-journée" - Photo Facebook La Grande Motte
Dans cette rubrique que vous retrouverez régulièrement, nous vous proposons de lever le voile sur les fragments de futur que nous sommes en train d’entrevoir.
A la fois, à partir des contributions enregistrées par centaines dans le groupe Facebook « Demain le tourisme » que nous avons ouvert en avril et qui compte aujourd’hui quelque 2 500 membres, tous professionnels du tourisme.
Et grâce également aux enquêtes menées par Touriscopie.
Pour chaque point abordé, vous retrouverez le constat dressé par notre experte, Josette Sicsic, puis sa projection sur l'avenir du tourisme, baptisée "futuroscopie".
Pour ce deuxième volet : zoom sur les plages.
Le titre de cette chronique n’a rien d’une provocation. La plage telle que nous la connaissons encore aujourd’hui et dont nous la rêvons, constitue l’un des territoires touristiques les plus fragiles.
Menacée par toutes sortes de fléaux dus à notre ignorance puis notre négligence, elle devrait être inscrite à la liste des « patrimoines » naturels en péril.
En France comme partout ailleurs. Certes, la catastrophe n’est pas imminente, mais les signes d’un drame annoncé sont visibles et ne peuvent qu’empirer. Le Covid a pourtant fourni quelques pistes…
A la fois, à partir des contributions enregistrées par centaines dans le groupe Facebook « Demain le tourisme » que nous avons ouvert en avril et qui compte aujourd’hui quelque 2 500 membres, tous professionnels du tourisme.
Et grâce également aux enquêtes menées par Touriscopie.
Pour chaque point abordé, vous retrouverez le constat dressé par notre experte, Josette Sicsic, puis sa projection sur l'avenir du tourisme, baptisée "futuroscopie".
Pour ce deuxième volet : zoom sur les plages.
Le titre de cette chronique n’a rien d’une provocation. La plage telle que nous la connaissons encore aujourd’hui et dont nous la rêvons, constitue l’un des territoires touristiques les plus fragiles.
Menacée par toutes sortes de fléaux dus à notre ignorance puis notre négligence, elle devrait être inscrite à la liste des « patrimoines » naturels en péril.
En France comme partout ailleurs. Certes, la catastrophe n’est pas imminente, mais les signes d’un drame annoncé sont visibles et ne peuvent qu’empirer. Le Covid a pourtant fourni quelques pistes…
Début d’été oblige, il se serait juste transformé. Plutôt en mieux !
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En ce début de mois de juillet, dans les régions qui ont la chance d’être ensoleillées, les plages sont redevenues pour les populations locales et les quelques vacanciers qui ont fait le choix d’un séjour balnéaire : « the place to be ».
Mais, après les semaines complexes que nous venons de vivre, ce territoire incontournable des vacances estivales que l’historien Alain Corbin qualifiait de « territoire du vide » ne semble pas, à première vue, avoir beaucoup changé.
Début d’été oblige, il se serait juste transformé. Plutôt en mieux !
Les parasols sont distants, parfois très distants, et les voiles restent encore rares, à l’exception de celles des véliplanchistes et autres kite surfers un jour « normal » de mistral !
Un bon point pour la plage post-Covid qui colle désormais aux imaginaires touristiques les plus répandus : ceux des rivages déserts d’avant le monde, ceux des « robinsonnades » décrites par Jean-Didier Urbain dans l’un des plus aboutis de ses essais « Sur la plage » ( Editions Payot).
Mais, derrière ce décor enchanteur, de nature à nous réconcilier avec l’humanité, reconnaissons que les masques sensés protéger autrui de la maladie, ne sont pas légion sur les visages des serveurs de restaurants de plages et des plagistes… Quant aux gestes barrières, ils ne nous ont pas semblé être définitivement entrés dans les mœurs.
Les accolades et les embrassades reviennent en force. Et sur les plages « privées », il n’est guère de place perdue entre les matelas sagement alignés en attendant le client !
« L’économie doit repartir » rétorquent certains et « rien pour le moment n’est garanti » !
Mais, après les semaines complexes que nous venons de vivre, ce territoire incontournable des vacances estivales que l’historien Alain Corbin qualifiait de « territoire du vide » ne semble pas, à première vue, avoir beaucoup changé.
Début d’été oblige, il se serait juste transformé. Plutôt en mieux !
Les parasols sont distants, parfois très distants, et les voiles restent encore rares, à l’exception de celles des véliplanchistes et autres kite surfers un jour « normal » de mistral !
Un bon point pour la plage post-Covid qui colle désormais aux imaginaires touristiques les plus répandus : ceux des rivages déserts d’avant le monde, ceux des « robinsonnades » décrites par Jean-Didier Urbain dans l’un des plus aboutis de ses essais « Sur la plage » ( Editions Payot).
Mais, derrière ce décor enchanteur, de nature à nous réconcilier avec l’humanité, reconnaissons que les masques sensés protéger autrui de la maladie, ne sont pas légion sur les visages des serveurs de restaurants de plages et des plagistes… Quant aux gestes barrières, ils ne nous ont pas semblé être définitivement entrés dans les mœurs.
Les accolades et les embrassades reviennent en force. Et sur les plages « privées », il n’est guère de place perdue entre les matelas sagement alignés en attendant le client !
« L’économie doit repartir » rétorquent certains et « rien pour le moment n’est garanti » !
Contre la surfréquentation : les bonnes idées
Pourtant, la réouverture de certaines plages après la première phase de déconfinement a été l’occasion de révéler la créativité de nombreux acteurs du tourisme balnéaire et de proposer des solutions à un phénomène en passe de tuer nos plages durant les mois d’été, celui du sur-tourisme.
Alors que la pandémie menaçait encore, contraints de faire respecter les gestes barrières, les élus du littoral ont été forcés de trouver des solutions de distanciation qui pourraient devenir pérennes afin de lutter contre le tourisme de masse.
Les cabines en plexi présentées sur la côte adriatique italienne (non encore testées) ont fourni une solution très médiatisée bien que peu adoptée. Coûteuses, elles ont aussi recours à un matériau litigieux : le plexi. Mais, celui-ci pourrait évoluer.
Autre solution judicieuse : les attributions d’horaires selon les tranches d’âge, proposées par les Espagnols. Les enfants le matin, les seniors en fin d’après midi, les jeunes dans la journée… Pourquoi pas ?
En période de surpopulation, bien que contestable sur le plan des libertés, la formule constitue une réponse aux nuisances que représente le sur tourisme.
Évidemment, pour certains, l’accès payant a aussi été envisagé bien que non retenu. Tandis que de leur côté, les applications indiquant le niveau des flux de visiteurs sur la plage, donc invitant les baigneurs à décaler leur venue, ont convaincu de leur efficacité.
Seul l’exemple d’une station de la côté belge dont nous tairons le nom, n’avait rien d’exemplaire. Le maire se proposait de réserver l’accès des plages aux seuls résidents et propriétaires de résidences secondaires !
Alors que la pandémie menaçait encore, contraints de faire respecter les gestes barrières, les élus du littoral ont été forcés de trouver des solutions de distanciation qui pourraient devenir pérennes afin de lutter contre le tourisme de masse.
Les cabines en plexi présentées sur la côte adriatique italienne (non encore testées) ont fourni une solution très médiatisée bien que peu adoptée. Coûteuses, elles ont aussi recours à un matériau litigieux : le plexi. Mais, celui-ci pourrait évoluer.
Autre solution judicieuse : les attributions d’horaires selon les tranches d’âge, proposées par les Espagnols. Les enfants le matin, les seniors en fin d’après midi, les jeunes dans la journée… Pourquoi pas ?
En période de surpopulation, bien que contestable sur le plan des libertés, la formule constitue une réponse aux nuisances que représente le sur tourisme.
Évidemment, pour certains, l’accès payant a aussi été envisagé bien que non retenu. Tandis que de leur côté, les applications indiquant le niveau des flux de visiteurs sur la plage, donc invitant les baigneurs à décaler leur venue, ont convaincu de leur efficacité.
Seul l’exemple d’une station de la côté belge dont nous tairons le nom, n’avait rien d’exemplaire. Le maire se proposait de réserver l’accès des plages aux seuls résidents et propriétaires de résidences secondaires !
L’expérience de la « plage partagée » de La Grande Motte
La palme revient à La Grande Motte et à son application permettant de réserver un espace pour deux, quatre ou plus, à raison d’une demi-journée.
Pour Jérôme Arnaud, directeur de la station, l’expérience est une réussite. « Plus de 100 000 personnes ont téléchargé l’appli et 5 300 personnes sont venues vivre l’expérience, précise-t-il.
Quant aux retombées médiatiques, elles ont été hors de proportion, car il s’est agi d’un vrai phénomène de buzz. Le premier que je vivais à cette échelle dans ma vie professionnelle.
Toute la presse nationale, poursuit-il, a couvert l’expérience - TV radios journaux digital - et la couverture par la presse internationale a été énorme. Jusqu’à CNN, FoxNews, le Washington Post, etc. ».
Le triptyque : « la bonne idée, au bon moment, avec les bons leviers » a fonctionné, même si nous n’avions pas du tout créé le projet dans ce but.
Mieux, termine le directeur : « ce buzz nous a offert une visibilité totale, au bon moment (le lancement de la saison) sur les bons thèmes (la plage, l’innovation), si bien que l’effet positif a été de faire levier sur nos réservations, tant au plan national qu’international, sans pour autant être spectaculaire ». La Suisse et la Belgique en particulier se sont distinguées…
Seul bémol : ce modèle n’est-il pas antinomique avec la plage publique ? Eh bien, non. Contrairement aux apparences, la plage de la station est restée fidèle à ses valeurs sociales de plage « à la française » impliquant la gratuité, l’accessibilité sociale, l’aménagement léger, la gestion publique.
D’autant que la station née dans le contexte historique des Vacances pour Tous, avait tout intérêt à pas renier son ADN !
Pour Jérôme Arnaud, directeur de la station, l’expérience est une réussite. « Plus de 100 000 personnes ont téléchargé l’appli et 5 300 personnes sont venues vivre l’expérience, précise-t-il.
Quant aux retombées médiatiques, elles ont été hors de proportion, car il s’est agi d’un vrai phénomène de buzz. Le premier que je vivais à cette échelle dans ma vie professionnelle.
Toute la presse nationale, poursuit-il, a couvert l’expérience - TV radios journaux digital - et la couverture par la presse internationale a été énorme. Jusqu’à CNN, FoxNews, le Washington Post, etc. ».
Le triptyque : « la bonne idée, au bon moment, avec les bons leviers » a fonctionné, même si nous n’avions pas du tout créé le projet dans ce but.
Mieux, termine le directeur : « ce buzz nous a offert une visibilité totale, au bon moment (le lancement de la saison) sur les bons thèmes (la plage, l’innovation), si bien que l’effet positif a été de faire levier sur nos réservations, tant au plan national qu’international, sans pour autant être spectaculaire ». La Suisse et la Belgique en particulier se sont distinguées…
Seul bémol : ce modèle n’est-il pas antinomique avec la plage publique ? Eh bien, non. Contrairement aux apparences, la plage de la station est restée fidèle à ses valeurs sociales de plage « à la française » impliquant la gratuité, l’accessibilité sociale, l’aménagement léger, la gestion publique.
D’autant que la station née dans le contexte historique des Vacances pour Tous, avait tout intérêt à pas renier son ADN !
Les fléaux du futur
Les risques de sur-tourisme (que l’on parviendra sans doute à conjurer) ne sont malheureusement pas les seuls à assombrir l’avenir de la plage telle que nous l’avons connue et aimée.
Tous les ans, les sables de notre enfance, perdent des centimètres. Les assauts continuels de la mer, la montée de son niveau constituent un « phénomène inéluctable » à l'horizon 2100 qui aura des conséquences dramatiques sur les populations côtières.
Si la vitesse et l'intensité de l'élévation des océans dépendent du réchauffement climatique, les scientifiques n'excluent plus désormais que l'eau monte de deux mètres d'ici la fin du siècle. Ce qui entraînera un abandon du littoral par les populations locales donc d’une partie des équipements et immobiliers balnéaires.
Les déconvenues de l’immeuble le Signal sur la côte Atlantique sont le témoin du drame qui se joue sur nos côtes quelles qu’elles soient. Avec 12% de pluies supplémentaires, la France sera aussi peu épargnée que ses voisines européennes et lointaines.
A Miami, les habitants du littoral commencent même à délaisser les habitations côtières pour s’installer dans les rares hauteurs de la station !
Outre la montée des eaux, les canicules à répétition sont aussi devenues un fléau sur les plages dépourvues d’ombrages naturels. Il ne vous a pas échappé que les enfants portaient de plus en plus des combinaisons protectrices et des casques de style colonial leur protégeant la nuque. Les parasols transformés en tentes coup vent deviennent également la règle…
Tous les ans, les sables de notre enfance, perdent des centimètres. Les assauts continuels de la mer, la montée de son niveau constituent un « phénomène inéluctable » à l'horizon 2100 qui aura des conséquences dramatiques sur les populations côtières.
Si la vitesse et l'intensité de l'élévation des océans dépendent du réchauffement climatique, les scientifiques n'excluent plus désormais que l'eau monte de deux mètres d'ici la fin du siècle. Ce qui entraînera un abandon du littoral par les populations locales donc d’une partie des équipements et immobiliers balnéaires.
Les déconvenues de l’immeuble le Signal sur la côte Atlantique sont le témoin du drame qui se joue sur nos côtes quelles qu’elles soient. Avec 12% de pluies supplémentaires, la France sera aussi peu épargnée que ses voisines européennes et lointaines.
A Miami, les habitants du littoral commencent même à délaisser les habitations côtières pour s’installer dans les rares hauteurs de la station !
Outre la montée des eaux, les canicules à répétition sont aussi devenues un fléau sur les plages dépourvues d’ombrages naturels. Il ne vous a pas échappé que les enfants portaient de plus en plus des combinaisons protectrices et des casques de style colonial leur protégeant la nuque. Les parasols transformés en tentes coup vent deviennent également la règle…
La pollution et les vagues de plastique
Josette Sicsic - DR
Autre drame enfin : les déchets. A Cannes, le plan « zéro plastique » voté par le Conseil municipal le 22 juin 2020 dans le cadre du programme de développement durable Cannes21 qui s’est traduit par plus d’une centaine d’opérations en 2019, passe à la vitesse supérieure.
Pour le maire David Lisnard qui est aussi président du CRT Côte d’Azur France, les plastiques (bouteilles, verres, pailles…) à usage unique doivent disparaître des plages.
Une initiative exemplaire alors que le gouvernement a repoussé à 2024 la disparition du plastique à usage unique, dont on sait pourtant qu’il représente 70% de la pollution marine et une atteinte irréversible à la biodiversité marine.
Au Grau du Roi, à Fouras en Charente maritime, on a aussi pris des mesures pour récupérer et recycler les déchets de plastique…
Quant aux populations locales, elles se font un devoir hors saison de ramasser ces déchets funestes pour la planète !
Bref ! Mieux vaut mettre un point provisoire à cette énumération douloureuse qui ne doit pourtant pas être prise à la légère. La plage est menacée, la Méditerranée, première région touristique du monde avec 400 millions de vacanciers encore plus.
La tâche qui s’annonce est donc immense si l’on veut garantir à nos enfants le plaisir indicible de continuer à construire des châteaux de sable !
Pour le maire David Lisnard qui est aussi président du CRT Côte d’Azur France, les plastiques (bouteilles, verres, pailles…) à usage unique doivent disparaître des plages.
Une initiative exemplaire alors que le gouvernement a repoussé à 2024 la disparition du plastique à usage unique, dont on sait pourtant qu’il représente 70% de la pollution marine et une atteinte irréversible à la biodiversité marine.
Au Grau du Roi, à Fouras en Charente maritime, on a aussi pris des mesures pour récupérer et recycler les déchets de plastique…
Quant aux populations locales, elles se font un devoir hors saison de ramasser ces déchets funestes pour la planète !
Bref ! Mieux vaut mettre un point provisoire à cette énumération douloureuse qui ne doit pourtant pas être prise à la légère. La plage est menacée, la Méditerranée, première région touristique du monde avec 400 millions de vacanciers encore plus.
La tâche qui s’annonce est donc immense si l’on veut garantir à nos enfants le plaisir indicible de continuer à construire des châteaux de sable !
DEMAIN, LE TOURISME ! Rejoignez le Groupe Facebook animé par Josette Sicsic et Jean Da Luz
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Les décryptages et analyses de TOURISCOPIE sur TourMaG.com
Retrouvez les décryptages et les analyses de TOURISCOPIE par Josette SICSIC sur TourMaG.com.
Contact : touriscopie@gmail.com
Pour aller plus loin, réécoutez le débat "Le tourisme a-t-il de beaux jours devant lui ?" sur RFI du 12 juin 2020, auquel Josette Sicsic a participé : www.rfi.fr/fr/podcasts/20200612-le-tourisme-a-t-il-beaux-jours-devant-lui
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Pour aller plus loin, réécoutez le débat "Le tourisme a-t-il de beaux jours devant lui ?" sur RFI du 12 juin 2020, auquel Josette Sicsic a participé : www.rfi.fr/fr/podcasts/20200612-le-tourisme-a-t-il-beaux-jours-devant-lui